Une histoire de parfum autour de l'Opéra et des Ballets



Depuis les cabestans jusqu'aux toits de l'Opéra de Paris, tout l'univers de l'opéra est une source d'inspiration. Une maison où se déroule comme une arabesque tous les corps de métiers, les ateliers d'artiste, l'orchestre, les machinistes dans les coulisses, l'atelier des costumes, les décors, un monde qui s'active comme une ruche ! Saviez-vous que sur les toits de l'Opéra de Paris se trouvent des ruches qui produisent toujours du miel !

Comment vous est venue l'idée de traduire un ballet ou un opéra par un parfum ?

L’idée m’est venue avec La Bayadère. Devant la flamboyance des décors d'Ezio Frigerio et la mise en scène somptueuse de Noureev évoquant l’Inde des Maharadjas je me suis soudain demandé quel parfum aurait pu flotter autour de Solor et Nikiya. Quand on pense à l’Inde, on pense parfums, saveurs, épices. Les notes de musique se sont mêlées au notes olfactives. Tout s’est ensuite enchaîné naturellement au fil des ballets et des opéras que j’ai aimés.

Vous ouvrez une nouvelle porte à l'initiation au ballet : grâce à ces bougies, on ne se contente plus d'aller voir un ballet, on s'immerge dans les odeurs d'un univers. Comment expliquez-vous que l'on puisse apprécier un ballet en faisant appel au sens de l'odorat (et non pas seulement de la vue) ?

De tous nos sens, seul l’odorat, via ses récepteurs olfactifs, est directement relié à notre cerveau émotionnel.  Les moments importants de ma vie sont toujours associés à un parfum, pourquoi ne pas étendre cette émotion à l’art lyrique ou au ballet ? Et si cette évocation olfactive pouvait donner envie à ceux qui ne les connaissent pas encore de découvrir une œuvre, d’aller au théâtre, ne serait-ce que  regarder en ligne un extrait de ballet, se laisser bouleverser par l’émotion du baiser du Parc par exemple (tiens, ça me donne une terrible envie de parfum ce Parc en vous en parlant !) mon pari serait gagné !

Comment trouvez-vous l'inspiration ? Quel travail d'équipe effectuez-vous ?

Ma mère était artiste lyrique (Mezzo Soprano) à Garnier. A partir de mes huit ans jusqu’à l’adolescence, elle me cachait dans les coulisses et dans les cintres les soirs de représentations ou de répétitions. L’inspiration me vient forcément de l’émotion et de la fascination que j’ai ressentie alors. Je trouve vraiment dommage que l’Opéra soit toujours considéré, en France, comme un lieu élitiste, poussiéreux ou ennuyeux. Il en va tout autrement dans d’autres pays, notamment en Russie. C’est un univers extraordinaire, de l’émotion à l’état pur, il n’y a qu’à pousser la porte et s’asseoir.

Une source intarissable donc en matière d’interprétation sensorielle. Chaque opéra, chaque ballet a son univers propre, son langage, ses décors, ses couleurs et donc son parfum. Je me fais aider dans mes recherches de fragrances par des parfumeurs français que j'ai choisis pour leur sensibilité à l'art. J'ai besoin d'échanger avec le parfumeur afin qu'il saisisse l'univers du ballet ou de l'opéra et que nous puissions en discuter. Ensuite nous transformons les notes musicales en notes olfactives, il faut du temps pour cela, c'est passionnant !

Pour entamer l'automne (la fraîcheur qui s'installe, les jours qui diminuent), quelle bougie conseillez-vous aux petits rats quand ils rentrent chez eux après leur leçon de danse ?

Casse-Noisette bien-sûr ! Le ballet de Noël par excellence. Avec ses notes gourmandes qui rappellent les veillées autour du grand Sapin. Tous les petits rats rêvent de danser ce merveilleux ballet, celui d’un songe qui emmène Clara de l’enfance à l’adolescence.